Pelusios adansonii (Schweigger, 1812) est une tortue d’eau douce de taille modérée. Cette espèce fut décrite par Schweigger il y a un peu plus de deux siècles, à l’aide d’une carapace collectée au Sénégal en 1750 par Michel Adanson, le célèbre naturaliste Français. Pelusios adansonii fait partit de la famille des Pelomedusidae et appartient par conséquent au sous-ordre Pleurodira. L’écologie de cette espèce est très peu connu. Pelusios adansonii habite les régions très sèches et elle se trouve dans des lacs ou des marres ou l’eau est calme, chaude et peu profonde. Nous avons enregistré sa présence dans des lacs peu profonds du Sénégal (lac de Guiers) avec une eau à environ 35°C à 40°C. Pendant la saison sèche (de novembre à juin) cette espèce s’enterre dans la boue. Pelusios adansonii est principalement carnivore, se nourissant d’invertébrés comme des mollusques ou bien de petit vertébrés tels que des petits poissons et des amphibiens. Pelusios adansonii est active au crépuscule et la nuit.
La longueur de la carapace de cette espèce, pour les spécimens du Sénégal, est typiquement de 220mm (maximum étant 238mm) pour les femelles et 200mm chez les mâles, avec un poids maximum de 1620g chez les femelles contre 650g chez les mâles. La taille moyenne ainsi que la taille maximale dépendent de la localisation. Par exemple, jusqu’à récemment les spécimens connus les plus grands de P. adansonii provenaient du Soudan et mesuraient seulement 185mm, pour unetaille moyenne adulte de 150-160mm. La forme de la carapace est ovale. La couleur de la carapace est généralement noire et est typiquement ornée de petits point rayonnants ou de sortes de petits tirets d’un ton marron foncé. Le plastron est presque entièrement jaune clair. Les membres sont d’un ton gris ou jaune, la partie supérieure ainsi que les côtés de la tête sont marron foncés orné de petit motifs vermicelles jaune foncés.
Dans la nature au sénégal, cette espèce n’est présente qu’au lac de Guiers et est sur la liste des animaux entièrement protégés par la loi 86-844 du Sénégal dans le code de protection de la nature et de la chasse. Cependant, les prises accidentelles (filet de pêches etc.) ainsi que la consommation de l’espèce par les populations locales et par les pêcheurs provenant du Mali ont engendrés un déclin de l’espèce in-natura. Depuis 2002, un projet de conservation à base communautaire a été initié par ACI à la réserve de Tocc Tocc dans le lac de Guiers. Ce projet est également supporté par National Parks of Senegal, Turtle Survival Alliance, Nature Tropicale Senegal (membre de IUCN) , et British Chelonia Group. La réserve de Tocc Tocc, créée pour protéger l’environnement naturel de Pelusios adansonii ainsi que d’autre faune locale, a maintenant adopté des règles qui sont acceptées par tout le monde (y compris les pêcheurs locaux, les agriculteurs et les éleveurs de bétails). Le but principal de ce projet est d’établir un refuge naturel afin de protéger les lieux de chasse et de ponte de cette tortue, des lamentins Africains et des oiseaux migrateurs, pour sensibiliser les pêcheurs et aider la population locale à trouver une source de nourriture alternative. La première étape fut de réduire petit à petit la consommation de viande de tortue dans 5 villages, et de protéger l’habitat critique de cette espèce avec la collaboration des villageois. A la réserve de Tocc Tocc, 675 acres d’habitat de Pelusios adansonii sont maintenant protégés. Finalement, après 10 ans d’efforts pour faire participer les populations locales dans des activités de consevation, les 5 plus grand villages de la communauté ont établis une convention collective interdisant la consommation de viande de tortue. Grâce à nos efforts, la récente consommation de tortues a presque atteint zéro. Les communautés formellement engagées à respecter les règles de conservation de la réserve ont tenus une grande réunion le 2 Juillet 2012. Étaient également présents à la réunion des représentants du gouvernement, des représentants de National Parks Service et des représentants du Water and Forestry Department.
Une équipe locale de Eco-guardes fut embauchée, formés et équipés avec équipements de surveillance leur permettant à présent d’assurer la mise en œuvre des mesures de conservations. Nous devons continuer les enquêtes sur le terrain au Sénégal et les étendre si possibles dans les pays voisins (Mali, Nigéria, Tchad) où l’espèce est présente afin de mieux comprendre la situation globale de l’air de répartition de Pelusios adansonii. L’espèce n’est actuellement pas listée dans la convention CITES mais après plusieurs années d’expérience sur le terrain, nous pensons qu’il est nécessaire de l’ajouter sur la liste. En 2014, nous avons été capable de reproduire cette espèce pour la première fois en captivité, nous permettant ainsi de relâcher 31 juvéniles dans la réserve de Tocc Tocc. Nous pensons que cette espèce nécessite toujours des mesures de conservation pro-actives. Pelusios adansonii n’est maintenant plus la cible des pêcheurs dans le lac de Guiers mais elle reste toujours prise dans les filets de pêche la nuit, finissant alors consommée par les populations locales. La perte d’habitat due aux changements climatiques peut être une cause du déclin de l’espèce. L’augmentation de l’activité agricole et des activités d’irrigation des régions arides peut constituer une menace et peut rendre l’espèce encore pus vulnérable. Ce projet à long terme est un modèle de comment procéder pour protéger les espèces en danger et obtenir le soutient des communautés locales. Mais la principale leçon retenue est que le changement des habitudes ne se fait pas du jour au lendemain. L’approche que nous avons adopté, à savoir une conservation basée sur la coopération des communautés locales prend beaucoup de temps et nécessite beaucoup de patience et de dévouement mais est finalement gratifiant lorsque les objectifs de conservation sont atteints.
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